Smallders : une plateforme pour optimiser les circuits courts

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La crise du covid-19 a mis en évidence que les chaînes de valeur pouvaient être endommagées ou rompues. Pour améliorer les performances des circuits courts, un projet dans lequel est impliqué IMT Mines Alès développe une plateforme destinée à aider les petits producteurs agricoles dans leur activité et la vente de leurs produits.

Comment améliorer la résilience des petites exploitations agricoles face aux crises et aux évènements inattendus ? C’est la problématique abordée par le projet Smallders, impliquant IMT Mines Alès et financé par la fondation PRIMA et l’Agence Nationale de la Recherche. Pour y répondre, les équipes scientifiques du projet misent sur une application aux fonctions multiples, permettant de faciliter la coopération entre petits exploitants, notamment dans une logique de circuits courts.

 Â« Le but principal est d’aider les agriculteurs à construire des consortiums de producteurs pour qu’ils puissent négocier avec des distributeurs et être mieux visibles des clients directs » résume Grégory Zacharewicz, chercheur en modélisation à IMT Mines Alès. En effet, les petits exploitants peuvent rencontrer des difficultés à vendre en circuit court et à négocier avec les groupes de distributions lorsqu’ils sont seuls. L’objectif est donc de les aider à se fédérer grâce à une plateforme web open source grâce à laquelle ils peuvent entrer facilement en relation les uns avec les autres.  « L’idée d’utiliser les ressources digitales pour mieux vendre les produits est née pendant la pandémie de covid-19 Â» ajoute le chercheur.

Plus de visibilité pour les petits producteurs

Smallders travaillera également sur la mise en place d’une vitrine commune. « En plus de fédérer les acteurs, il faut aussi améliorer la visibilité des petits producteurs (« small holders Â») impliqués dans les circuits courts, afin qu’ils puissent accéder au marché. L’idée est de proposer des outils de mise en place de marketplaces en ligne dédiés à la vente de produits locaux en circuits courts, mais sans opérateur d’orchestration » explique Grégory Zacharewicz.

L’application permettra ainsi aux producteurs d’exposer en ligne leurs produits directement auprès des clients. Ces derniers pourront par exemple commander des légumes et des fruits sur l’application. Et pour aller plus loin, le projet prévoit également d’afficher aux clients les profils des commerçants qui vendent les produits locaux, afin de favoriser la transparence du commerce sur les territoires. L’objectif est de rester sur un rayonnement local de la plateforme. Il s’agit donc de répliquer celle-ci sur des territoires plutôt que de l’étendre sur une zone trop importante qui ne permettrait pas d’atteindre les clients en délais et coûts raisonnables.  

Pourvue d’un tableau de bord, l’application fournira aux producteurs différentes informations qui leur permettront de gagner en performance. Il sera par exemple possible de voir des graphiques qui traduisent les tendances de la demande des consommateurs. Le producteur pourra ainsi adapter sa production pour minimiser le gaspillage et maximiser l’usage des ressources. « En adaptant la production à la demande, on adapterait aussi la quantité d’eau utilisée ce qui éviterait le gaspillage de cette ressource Â» explique Grégory Zacharewicz. Un avantage autant pour l’environnement que pour les producteurs, pour lesquels l’utilisation d’eau représente un coût.

Des algorithmes graphiques pour représenter les processus

Dans ce projet, IMT Mines Alès s’occupera de mettre en Å“uvre des modèles d’optimisation et BPMN — acronyme anglais pour « modélisation et notation des processus d’affaires Â». Derrière ce terme se cachent des algorithmes graphiques qui permettent d’orchestrer des activités. Visuellement, ces algorithmes ressemblent à des cartes sur lesquelles des formes géométriques sont reliées. Des rectangles représentent des étapes d’une chaîne de processus d’une organisation. Des flèches relient ces étapes pour spécifier le lien entre elles et leur chronologie. Dans le cas de Smallders, il s’agira de modéliser les interactions entre les différents acteurs de la chaîne de valeur : de la production jusqu’à la consommation finale. En menant des essais sur les performances des chemins dans ces algorithmes, les chercheurs identifieront les points qui peuvent être améliorés dans le fonctionnement d’une chaîne agroalimentaire impliquant des petits producteurs.

Les équipes d’IMT Mines Alès comptent informatiser ces modèles graphiques pour les implémenter dans l’application. Une fois numérisés et optimisés, ces algorithmes permettront de suggérer aux producteurs des optimisations de leur activité. L’application permettra typiquement de montrer aux agriculteurs un aperçu de l’offre sur le marché du travail, et d’entrer en contact avec des travailleurs lorsqu’ils ont besoin de main d’œuvre — pour des périodes spécifiques de récolte ou de taille par exemple.

« Il est prévu d’utiliser des remontées d’informations par différents moyens (objets connectés et smartphones) dans le but de produire un système qui s’apparente à un ERP mais dédiés à l’écosystème des Small Holders Â» pointe Grégory Zacharewicz. Les ERP pour Enterprise Ressource Planning, sont des logiciels qui permettent de gérer l’ensemble des processus opérationnels d’une organisation. Ils permettent par exemple de gérer les commandes et les stocks via une base de données. Avec un ERP, les codes-barres sur les produits ou leurs stockages peuvent être utilisés pour effectuer un suivi des marchandises en temps réel dans la chaîne de valeur. 

Un projet international

Le projet Smallders est lauréat de l’appel à projet européen-méditerranée PRIMA . Il fait intervenir plusieurs pays situés autour de la mer Méditerranée tels que la France, l’Italie, l’Espagne et la Tunisie. Cette diversité permettra de tester la plateforme Smallders dans des cas variés, notamment à cause des spécificités géographiques ou économiques des pays membres du projet. Grégory Zacharawicz indique que l’ambition est « de développer et répliquer cette place de marché pour mettre en relation des petits producteurs et des clients dans plusieurs régions de plusieurs pays », et pas seulement au niveau national français. L’intérêt international pour ce projet montre que les circuits courts ont leur rôle à jouer dans la structuration de l’économie mondiale, à l’heure où la crise sanitaire a rappelé l’importance de la souveraineté alimentaire.

Rémy Fauvel.

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