Datafarm : une énergie bas carbone au service des data centers

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La start-up Datafarm propose une solution énergétique pour un numérique bas carbone. Dans un système d’économie circulaire, elle alimente ses data centers avec de l’énergie méthanisée, en les installant directement au sein des exploitations agricoles bovines.

 

Si l’on vous parle d’énergie propre, vous ne pensez sûrement pas à la bouse de vache en premier. Et pourtant ! La start-up Datafarm, incubée à IMT Starter, fait le pari de s’installer dans les exploitations agricoles pour alimenter ses data centers grâce à la méthanisation. Ce procédé génère de l’énergie à partir de la dégradation, en conditions contrôlées, de biomasse d’origine animale ou végétale par des micro-organismes. Ses principaux avantages ? Elle permet de valoriser des déchets et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre en se substituant aux énergies fossiles. En résulte une énergie verte sous forme de biogaz.

Des déchets comme source d’énergie

Les infrastructures informatiques de Datafarm sont installées dans des élevages bovins réalisant la méthanisation. Une centaine de vaches permettent d’alimenter un méthaniseur de 500 kW, soit environ 30 tonnes de déchets par jour (bouse de vache, déchets de laits, végétaux, etc.). Cette technique génère un gaz, le méthane, dont 40 % sont transformés en électricité par des turbines, et 60 % en chaleur. En allant plus loin que l’état de l’art, Datafarm a mis au point un procédé pour transformer l’énergie méthanisée… en froid ! Et ce afin de répondre à la problématique de climatisation des data centers. « Notre dispositif nous permet de réduire la part d’électricité nécessaire au refroidissement des infrastructures à 8 %, alors qu’il en faut 20 à 50 % habituellement », décrit Stéphane Petibon, créateur de la start-up.

Les sorties de chaleur produites par les centres de données sont ensuite valorisées en un système de chauffage sur place. Celui-ci permet à l’agriculteur de sécher les foins pour nourrir son élevage ou sert à la production de fromage. Enfin, les fermes n’ont plus besoin d’engrais extérieur, car le résidu de la méthanisation sert à fertiliser les champs. Datafarm entre ainsi dans un système d’économie circulaire et d’autonomisation énergétique pour la ferme et le data center.

Un service de décarbonation destiné aux entreprises

Un méthaniseur moyen (500 kW) alimentant les centres de données de la jeune pousse permet une réduction de 12 000 tonnes de CO2 par an. Soit l’équivalent des émissions annuelles de 1 000 français. « Notre objectif est de proposer un service de data center bas carbone, voire carbone négatif, et donc de compenser les émissions de gaz à effet de serre des clients qui viendront héberger leurs données chez nous », témoigne Stéphane Petibon.

En effet, tous les quatre ans, les entreprises de plus de 500 salariés (environ 2 400 en France) doivent publier leur bilan carbone. Ce dernier leur permet d’évaluer leurs émissions de CO2 dans le cadre de la stratégie environnementale nationale de réduction des impacts des entreprises. La question n’est donc plus de savoir s’il faut réduire son empreinte carbone, mais comment. La start-up apporte ainsi un argument écologique et environnemental à destination des sociétés qui doivent décarboner leurs activités. « Notre solution permet de réduire de 20 à 30 % les émissions de dioxyde de carbone grâce à un service informatique dont les entreprises ont de plus en plus besoin chaque année », souligne Stéphane Petibon.

Les services proposés par Datafarm vont du stockage au traitement de données. Afin de répondre à une demande majoritaire de colocation de serveurs, la start-up a pensé ses infrastructures comme des modules prêts à l’emploi insérés dans des containers hébergés au sein des fermes. Une approche agile qui leur permet de construire leurs infrastructures en fonction du besoin client et en amont de l’installation. Les sauvegardes des données sont quant à elles réalisées sur un autre centre alimenté à l’énergie verte près d’Amsterdam (Pays-Bas).

Des innovations en perspective

Les deux critères majoritaires de sélection des exploitations sont la puissance de méthanisation de la ferme et sa proximité à un réseau fibre. « Les régions ont déjà fibré une importante partie des territoires, mais ces réseaux ont été laissés à l’abandon. Pour les activer, nous travaillons avec des opérateurs télécom qui couvrent la France », renseigne Stéphane Petibon. Deux premières infrastructures, à Arzal en Bretagne et à Saint-Omer dans le Nord, répondent à tous les critères et seront mises en route en septembre et décembre 2020 respectivement. La start-up envisage d’héberger jusqu’à 80 clients par infrastructure, qui devraient être au nombre de sept avant la fin d’année 2021 à travers la France.

Pour y parvenir, la jeune pousse mène plusieurs actions de recherche et développement notamment sur des problématiques de redondance de réseau pour garantir une continuité de service en cas de panne. Mais aussi sur une technique de stockage d’énergie plus écologique que les batteries utilisées par les data centers. En effet, la réaction de méthanisation peut également générer de l’hydrogène que la start-up envisage de stocker en guise d’alimentation de secours pour ses infrastructures. En plus des petites unités, Datafarm collabore avec une coopérative de cinq agriculteurs, sur la conception d’une infrastructure qui aura une capacité d’hébergement et de surface bien plus importante que ses produits actuels.

 

Anaïs Culot.

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Cet article est publié dans le cadre du cycle de veille 2020 de la Fondation Mines-Télécom, dédié au numérique durable et à l’impact du numérique sur l’environnement. Au travers d’un cahier de veille, de conférences-débats, et d’actions de promotion des sciences en coordination avec l’IMT, ce cycle s’interroge sur les incertitudes et les enjeux qui pèsent sur les transitions numérique et environnementale.

En savoir plus sur le site de la Fondation Mines-Télécom

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