Lapala : une plateforme no-code pour digitaliser le quotidien des PME
Le quotidien d’une entreprise est souvent truffé de tâches récurrentes : vendre une prestation, poser un congé, acheter du matériel… La start-up Lapala, incubée à IMT Atlantique et présente à VivaTech 2023, propose aux PME de digitaliser ces processus. Objectif : faciliter leur transition numérique, gagner du temps, et préserver la motivation de leurs équipes.
Si la transformation numérique concerne l’ensemble des entreprises, toutes ne sont pas égales face à cette évolution majeure. Les PME, en particulier, ne possèdent pas toujours l’expertise requise pour mener à bien cette mutation, ni nécessairement le budget requis pour une transition d’une telle ampleur.
« Ces organisations disposent principalement de trois options pour digitaliser leurs métiers », constate Kévin Sennoun, CEO de la start-up Lapala, incubée par IMT Atlantique sur son campus de Rennes. « Premièrement, elles peuvent avoir recours à un gros ERP (Enterprise Resource Planning) généraliste, comme SAP ou Oracle. Mais la mise en place d’un logiciel de ce type s’avère généralement complexe et peu adaptée à chaque utilisateur. C’est donc loin d’être une solution idéale pour les PME. » Il en est de même en ce qui concerne l’option du développement sur mesure, via un prestataire ou un recrutement interne, souvent écartée en raison du coût associé.
Il existe toutefois des ERP spécialisés sur un secteur particulier. « Mais ils demeurent en général assez rigides et ne correspondent pas toujours à la vision du métier de la PME », nuance Kévin Sennoun. « C’est alors à l’entreprise de s’adapter à l’outil, ce qui est rarement concluant. »
Ces solutions n’étant pas satisfaisantes, les organisations peuvent se contenter de feuilles de papier, d’Excel et de quelques logiciels indépendants – « une option régulièrement choisie par les PME, même si elle est loin d’être optimale », selon le CEO de la start-up. En effet, un tel fonctionnement impose de saisir plusieurs fois les données à la main, ce qui est non seulement chronophage, mais aussi source d’oublis ou d’erreurs. Les risques sont alors nombreux pour l’entreprise : perte de temps, efficacité réduite, démotivation des équipes internes, insatisfaction des clients, conséquences juridiques…
Identifier et digitaliser les processus métier
C’est là qu’intervient la start-up Lapala, afin d’aider les PME à combler leur retard en matière de numérique sur les grands groupes. « Nous estimons que la meilleure façon d’appréhender la digitalisation, pour une PME, est d’opérer une transition, et non une révolution qui viendrait tout chambouler », proclame Kévin Sennoun. « Ces entreprises ont aussi le droit d’avoir leur propre fonctionnement et un logiciel qui vient s’adapter à elles, et non l’inverse. »
La solution de Lapala prend la forme d’une plateforme « no-code » – c’est-à-dire qu’elle peut être utilisée sans coder dans un langage informatique – et s’articule autour de trois axes principaux. En premier lieu, elle permet aux PME de créer et de gérer aisément des processus métier. « L’activité d’une majorité d’entreprises peut se décomposer en un recueil de processus », explique le CEO de la start-up. « Chacun d’entre eux comprend différentes étapes, plusieurs acteurs et diverses sources de données. Par exemple, l’achat d’un nouveau matériel implique de déposer une demande, d’attendre sa validation par un manager, d’envoyer la facture au service comptabilité, etc. »
Lapala permet ainsi aux organisations de digitaliser leurs processus sur la plateforme : ceux-ci peuvent ensuite être activés par tout utilisateur possédant les autorisations idoines. Reprenons l’exemple précédent : un employé peut utiliser l’outil pour demander un nouvel équipement, en indiquant la référence souhaitée en ligne. Sa requête parvient alors à son manager, qui n’a besoin que d’un clic pour la valider ou non. En cas d’avis favorable, la demande est automatiquement envoyée au service des achats, qui peut passer la commande, puis transmettre la facture à la comptabilité. Tout se passe en quelques clics.
Ces processus peuvent bien sûr être spécifiques à chaque entreprise. Cependant, la start-up est capable de fournir des modèles directement exploitables et configurables par une PME. Pour cela, elle a décomposé les processus en un ensemble de composants, chacun correspondant à une étape et pouvant être réutilisé unitairement. « Nous avons aussi optimisé la gestion des sources de données, via le développement de processus génériques », ajoute Kévin Sennoun. « Pour les rendre fonctionnels, il suffit de les relier à la bonne source, lors du déploiement au sein d’une PME. »
Favoriser les interactions entre logiciels… et entre individus
Car Lapala permet deuxièmement d’interconnecter les outils nécessaires à la réalisation des processus métier. La solution fait office de plateforme d’intégration, en s’interfaçant aux différents logiciels déjà utilisés par l’entreprise. Chaque donnée renseignée par un utilisateur circule alors automatiquement entre les applications concernées, évitant ainsi les saisies multiples, les doublons ou les risques d’erreurs. De cette façon, des outils indépendants comme Excel, des CRM (gestion de la relation client) ou des logiciels de facturation peuvent « travailler » de concert, en partageant leurs informations en temps réel.
Ce sont les « connecteurs » développés par la start-up qui jouent ce rôle d’intermédiaires. Aujourd’hui, Lapala peut notamment s’interconnecter aux suites Office – dont Excel, largement employé par les PME – et Google, ainsi qu’à Dolibarr, un ERP open source qui offre différentes briques fonctionnelles utiles, telles que la gestion de la facturation. L’entreprise a, de surcroît, mis au point des connecteurs génériques, capables de s’interfacer à un grand nombre d’API du marché, qui respectent généralement des standards. En outre, Lapala peut s’adapter aux besoins d’une PME, en développant des connecteurs spécifiques aux outils qu’elle emploie au quotidien.
Enfin, si la start-up favorise la transition numérique, elle n’entend pas négliger la dimension humaine de la collaboration. « Nous n’encourageons pas seulement les interactions entre outils, mais aussi entre individus », insiste Kévin Sennoun. « Ainsi, dans un processus, lorsqu’une personne a besoin de parler à une autre, Lapala les met en relation et les invite à échanger via la plateforme. » Une façon de laisser l’humain au cœur des processus, ce qui distingue la solution d’autres outils d’automatisation, telles que Zapier ou Make, et des logiciels classiques de BPM (Business Process Modeling), comme Nintex ou ProcessMaker.
Vers « L’IA-pala »
Aujourd’hui, la solution est déjà utilisée par de premiers clients, en particulier dans l’industrie et les services comme des cabinets d’expertise comptable. « Les entreprises n’en ont pas toujours conscience, mais une partie de leur activité peut être standardisée, car les mêmes questions reviennent sans cesse », remarque Kévin Sennoun. Les équipes de Lapala interviennent donc souvent pour les aider à détailler leurs processus et ainsi à accélérer la digitalisation de leur métier et de leur offre.
La plateforme a toutefois pour vocation d’être utilisée telle quelle, sans accompagnement supplémentaire. L’entreprise entend donc intensifier sa commercialisation en ligne. « Nous sommes en cours de levée de fonds, afin de renforcer nos équipes techniques et marketing », annonce Clément Pansard, responsable des partenariats stratégiques de la start-up. « Et en parallèle, nous cherchons de nouveaux partenaires, en mesure de nous apporter leur connaissance de certains métiers ou une expertise scientifique. »
Et pour rendre les PME plus autonomes dans leur utilisation de Lapala, la start-up se tourne vers l’intelligence artificielle. Elle travaille en effet sur une interface semblable à ChatGPT, qui serait capable, à partir d’une demande exprimée en langage naturel, de générer les processus correspondants. Ou toute autre réponse au besoin de l’utilisateur. « Le processus n’est pas une fin en soi », projette Kévin Sennoun. « Notre objectif à terme est de créer un assistant intelligent complet pour les entreprises d’aujourd’hui et de demain, capable de les aider à travailler et à mieux collaborer au quotidien, par tous les moyens technologiques à notre disposition, dont l’intelligence artificielle. »
Par Bastien Contreras.
Lapala à VivaTech 2023
La start-up Lapala, incubée à IMT Atlantique sur le campus de Rennes, sera présente au salon VivaTech 2023 qui se tiendra à Paris du 14 au 17 juin prochain. La jeune entreprise sera présente le vendredi 16 juin sur le stand L18 de l’Institut Mines-Télécom.
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