BubbleRAN : les réseaux privés 4G/5G pour tous

Si la connectivité revêt aujourd’hui une importance capitale, les organisations n’ont pas forcément l’expertise et le budget requis pour mettre en œuvre leur propre réseau. La start-up BubbleRAN, spin-off d’EURECOM incubée à TechForward et présente au salon VivaTech 2023, entend démocratiser le déploiement de réseaux privés 4G/5G de bout en bout, en proposant la « Connectivity as a Service ».

La 5G, l’internet des objets (IoT), ou encore l’industrie 4.0, ouvrent de nombreuses perspectives pour les organisations. Afin d’en tirer pleinement parti, celles-ci ont tout intérêt à optimiser leur connectivité, et ce de façon continue (ou automatisée). Mais comment mettre en place un réseau correspondant parfaitement aux besoins de son entreprise et à ses évolutions ? La start-up BubbleRAN entend répondre à cet enjeu, en offrant la possibilité aux organisations de déployer aisément leur propre réseau privé et de maitriser son utilisation de façon simple.

« Ces réseaux peuvent être mis en œuvre au sein d’une usine intelligente, d’un hôpital, d’un campus… », énumère Navid Nikaein, chercheur à EURECOM, CEO de la start-up BubbleRAN et cofondateur d’OpenAirInterface. « Chaque établissement représente un cas d’usage spécifique, avec des besoins propres. L’avantage d’un réseau privé, c’est qu’il est capable de répondre à toutes les demandes, sur mesure. Une personnalisation fine qu’il est impossible d’atteindre en s’appuyant uniquement sur les réseaux des opérateurs majeurs. » Problème : un tel déploiement en 5G s’avère souvent complexe et coûteux, pour des structures ne disposant ni d’une expertise en la matière, ni d’un budget élevé.

5G vs Wi-Fi

Cependant, pourquoi privilégier la 5G, plutôt qu’un simple réseau Wi-Fi, généralement peu coûteux à mettre en place ? « Même s’il est tout à fait convenable dans certaines situations, le Wi-Fi ne présente pas les mêmes garanties que la 5G », affirme Navid Nikaein. « Par exemple, seule la 5G peut garantir une latence inférieure à 5 millisecondes de bout en bout, voire 1 milliseconde dans certains cas. Et dans le contexte d’une usine ou d’une salle d’opération à l’hôpital, il s’agit parfois d’un critère essentiel. » En outre, en Wi-Fi, un utilisateur ou un robot peut être confronté à une interruption de service, lorsqu’il se déplace à la limite de couverture entre deux points d’accès. À l’inverse, la 5G assure une prise en charge totale de la mobilité.

« Et troisièmement, la 5G offre un niveau de sécurité supérieur à celui du Wi-Fi », ajoute le CEO de BubbleRAN. « Elle permet en effet d’authentifier l’utilisateur et de lui fournir le service adéquat au bon moment, pour un contrôle optimal du réseau à chaque instant. » Le nom de l’entreprise renvoie d’ailleurs à cette notion, le terme anglais « bubble » exprimant l’idée d’une bulle hautement sécurisée.

L’union des fournisseurs fait la force (et la flexibilité)

Afin de répondre aux besoins spécifiques et aux exigences parfois élevées des professionnels, BubbleRAN facilite donc le déploiement de réseaux privés en 4G/5G. Et ce, via une offre sur mesure et adaptable. « En réalité, les organisations n’ont souvent pas une idée précise de ce dont elles ont besoin », constate Navid Nikaein. « Et leurs demandes sont régulièrement susceptibles de varier dans le temps. Par exemple, elles peuvent initialement privilégier un déploiement minimal à moindre coût, pour finalement s’apercevoir que leur activité nécessite un débit élevé ou une sécurité renforcée. » Dans ce cas, le réseau privé déployé peut s’adapter de manière agile aux nouvelles exigences du client.

Pour cela, BubbleRAN a développé une solution capable d’interconnecter des briques issues de différents fournisseurs. L’entreprise peut ainsi allier les forces du logiciel libre aux solutions propriétaires d’équipementiers tels que Nokia, Ericsson, Huawei, Amarisoft… Et réaliser des associations spécifiques, en fonction des demandes des clients.

Un réseau privé automatisé et intelligent

Mais face aux innombrables combinaisons possibles, comment la start-up peut-elle faire preuve d’une telle agilité ? Derrière cette apparente simplicité d’intervention se cache un logiciel développé par l’entreprise et qu’elle a baptisé « operator ». Un nom qui n’est pas choisi au hasard.

« Traditionnellement, déployer un réseau demande l’implication d’ingénieurs et de techniciens sur place, afin d’installer le matériel nécessaire, d’effectuer des tests, de réaliser ultérieurement des mises à jour… », détaille le CEO de BubbleRAN. « Notre logiciel nous permet, lui, de remplacer l’opérateur humain, en automatisant une très grande partie du cycle de vie du réseau : déploiement, configuration, reconfiguration, supervision, correction d’erreurs, ou encore mises à jour. » Un outil qui apporte une grande agilité dans la gestion des réseaux privés et qui aide à optimiser les coûts associés à un tel déploiement.

À cet effet, la start-up s’est appuyée sur la plateforme open source Kubernetes, qui facilite l’automatisation d’applications dans le cloud. « Il s’agit, en quelque sorte, d’un système d’exploitation pour une infrastructure de plusieurs machines, potentiellement reparties géographiquement, à l’image de ce qu’est Linux pour une seule machine », schématise Navid Nikaein. Mais Kubernetes est un environnement générique, utilisé dans de nombreux contextes. BubbleRAN l’a alors adapté et optimisé au monde spécifique des réseaux télécoms, donnant naissance à son operator. Une solution cloud native qui laisse, de surcroît, le choix entre divers clouds privés ou publics pour sa mise en œuvre.

Par ailleurs, l’entreprise intègre les spécifications de l’architecture Open RAN/O-RAN, qui vise à rendre les réseaux mobiles plus interopérables et intelligents. BubbleRAN s’inscrit ainsi dans cette démarche de standardisation des équipements télécoms, tout en y percevant une valeur ajoutée pour sa solution. « Nos clients finaux n’étant généralement pas experts du domaine, ils ne voient pas forcément l’intérêt d’Open RAN », concède le CEO de la start-up. « Néanmoins, cette architecture s’accompagne d’un logiciel intelligent, le RIC (RAN Intelligent Controller), qui permet d’analyser l’état du réseau en temps réel et de l’optimiser en fonction de ces informations. » Il s’agit ainsi d’un moyen supplémentaire d’adapter précisément le réseau privé aux besoins des utilisateurs, de façon automatisée et en continu, et donc d’optimiser les coûts.

Connectivity as a Service

En définitive, BubbleRAN propose des réseaux privés 4G/5G de bout en bout, extensibles avec la pile Open RAN/O-RAN, déployés dans le cloud, optimisés en interconnectant des solutions de divers fournisseurs, orchestrées par l’operator. Ce que l’entreprise résume en « Connectivity as a Service ».

La start-up privilégie un modèle de vente indirecte, via des intégrateurs et des installateurs qui assurent la mise en œuvre opérationnelle des réseaux privés auprès des clients finaux. C’est du moins la vision à terme du CEO. « Aujourd’hui, nous sommes toutefois davantage identifiés par des clients venus de la R&D industrielle ou de la recherche académique, auxquels nous vendons en direct », note Navid Nikaein. « Ils utilisent notre plateforme pour déployer des réseaux leur permettant de réaliser des tests et des mesures. » Un marché sur lequel BubbleRAN va se concentrer dans les prochains mois, tout en poursuivant les échanges entamés avec des intégrateurs, en vue de déployer ses réseaux privés au sein d’organisations privées ou publiques.

Par Bastien Contreras.

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