L’enjeu avec le télétravail réside dans son acceptabilité. Dans l’étude exploratoire COVID-19 and the future of teleworking: employees’ réalisée au sein de plusieurs entreprises, le statut des managers et ensuite celui des employés a été examiné. Elle s’inscrivait dans le contexte du Covid-19, sur l’environnement de travail, ainsi que sur le meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
Une perception distincte du télétravail entre les managers et les salariés
Dans la première partie de l’étude, pour les managers, il ressort que les habitudes dépendent essentiellement de l’âge, des habitudes, des expériences etc. La seconde partie de l’étude révèle aussi la difficulté de continuer à manager une équipe, en l’occurrence à distance. « Depuis la période du Covid-19, le télétravail s’est développé dans une période de stress, d’inquiétude et de peur. Et en fin de compte, les gens n’étaient pas tous préparés », indique Chantal Ammi, Professeure à Institut Mines-Télécom Business School.
Un autre aspect était de montrer que l’environnement de travail est fondamental. Il y a alors un impact direct entre le bien-être et la réussite, l’efficacité et les conditions de travail. « D’un point de vue managérial, les cadres qui ont le mieux passé le statut du télétravail sont ceux qui n’avaient pas de contraintes familiales, étaient bien logés ou qui avaient déjà eu l’habitude et une bonne connaissance des outils informatiques », pointe la chercheuse.
La deuxième étude s’est penchée sur l’acceptation du télétravail par les employés. Elle a été d’autant plus forte pour les salariés que leurs connaissances technologiques étaient élevées. En effet, ceux qui utilisaient souvent les outils innovants avaient déjà l’habitude du télétravail. En revanche, contrairement aux managers, « pour les salariés, le fait de rester chez soi, de ne pas avoir à se déplacer, de ne pas aller chercher les enfants à l’école a été un élément positif », spécifie Chantal Ammi. Le télétravail était donc moins négatif du côté des salariés que de celui des managers.
Une autre dimension à prendre en compte est celle du phénomène de productivité. Les managers ont considéré effectivement que le télétravail allait avoir un impact négatif sur la productivité. Au contraire, à l’issue d’une étude confirmatoire basée sur une enquête sur les perceptions des employés à l’égard du télétravail, il ressort que la productivité est positive. En effet, dans cette étude, sur 202 personnes interrogées dans les entreprises, 68 % estiment que le télétravail a eu un impact positif sur leur productivité.
L’utilisation des outils en télétravail et l’option de l’hybride
Le télétravail implique l’utilisation d’outils technologiques, comme les logiciels de visioconférences ou de travail collaboratif ; impliquant des partages de données à travers des serveurs. Contrairement aux employeurs, cela n’a pas sensiblement impacté les salariés d’après l’étude. Ces derniers se sentaient suffisamment confiants pour pouvoir partager leurs données.
« Il suffisait d’avoir un ordinateur, une connexion Internet stable avec des pares-feux pour qu’ils soient sans crainte », illustre la Professeure. Les personnes qui habitaient loin ont été plutôt satisfaites. Il en va de même pour ceux qui avaient des enfants, surtout en maternelle. Il y avait moins de difficultés pour les plus grands qui étaient au collège ou au lycée.
Il est possible d’envisager à l’avenir que le télétravail s’impose et se généralise à l’ensemble des entreprises. Il y aurait alors très peu d’entreprises qui fonctionneraient uniquement en présentiel, sauf s’il s’agit d’un métier qui le nécessite. D’un autre côté, certains managers ne le souhaitent pas, généralement pour voir leurs équipes et salariés, et ainsi ne pas se sentir coupés du monde. « Le télétravail apparaît ainsi comme un moyen de socialisation de travail. L’idéal resterait donc l’option hybride avec quelques jours en présentiel en fonction du type de métier », suggère Chantal Ammi.
L’une des limites du format hybride est celle du droit à la déconnexion. Il est parfois difficile de savoir quand s’arrêter en plein élan, notamment pour certaines charges qui peuvent aller au-delà des heures de travail. La chercheuse rappelle que « de nombreuses entreprises tentent de mettre en garde sur l’envoi de mails durant le week-end ou le soir, etc. Après, il faut que chacun soit vigilant, car cela relève plus du personnel et de l’auto-organisation. » Il serait préférable que les employés ne demandent pas des choses passées une certaine heure et les jours fériés. Pour cela, il faudrait que les autres personnes s’interdisent effectivement de répondre durant ces périodes-là.
Mettre un point d’honneur sur l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle
Que ce soit au niveau des managers ou des salariés, il faudrait vérifier les besoins réels avant d’imposer certains jours de télétravail pour savoir si les personnes sont en mesure de le faire. « Peut-être que les personnes n’ont pas de connexion stable ou d’endroit calme où se poser pour mieux travailler. Il ne faudrait donc pas l’imposer, mais le proposer en option », recommande Chantal Ammi.
L’acceptabilité du télétravail semble être plus simple au niveau de certains métiers. Elle est plus facile dans les zones urbaines que dans les zones rurales, notamment en raison des difficultés ou de la qualité de connexion. Toutefois, il y a plus d’acceptations selon la situation personnelle des individus. Dans tous les cas de figure, le présentiel n’est pas encore menacé par rapport au 100 % télétravail, car il faut conserver le contact humain et ne pas rester isolé.