Une plateforme alliant cybersécurité et interopérabilité
Initialement sollicitée pour répondre aux besoins de cybersécurité de cette plateforme, l’équipe de Télécom SudParis identifie rapidement des besoins supplémentaires en matière d’interopérabilité. Autrement dit : la fonctionnalité du système à échanger de la donnée et à faciliter le partage d’information. Un sujet qui émerge naturellement face à la multiplicité des données et la diversité des acteurs – tant par leur activité que par leur localisation – pour ce projet Di-Hydro.
« Comme j’étais impliqué dans les premiers échanges et que je bénéficie d’une bonne expérience dans la construction des systèmes IoT, j’ai expliqué au Centre for Research & Technology, Hellas (CERTH), qui coordonne le projet, quelles allaient être les exigences en matière d’échange de données », relate Georgios Bouloukakis. « C’est comme ça qu’il a été ensuite suggéré que je supervise cet axe. » Ces travaux rejoignent ainsi ceux de Joaquim Garcia Alfaro, également chercheur à Télécom SudParis en cybersécurité et co-PI du projet, autour du développement de plateforme fédérée dans un contexte IoT sécurisé. Cette dernière doit faciliter la prise de décision et le partage d’expérience entre les différents acteurs – au sein d’un même pays ou entre différents pays, tout en garantissant la sécurisation et la confidentialité des données et modèles de chacun.
Jumeaux numériques et standard de donnée
La première étape dans la construction de cette plateforme est l’intégration de « jumeaux numériques » des centrales hydroélectriques. Chaque site physique sera ainsi représenté numériquement « sur la base de données à la fois statiques (pièces, couloirs…) et dynamiques, comme l’entrée d’une personne dans une pièce, fournies par des appareils IoT », explique Georgios Bouloukakis.
Le problème, comme le souligne ce dernier, est que même si les modèles d’IA sont entraînés par les fournisseurs de centrale hydroélectrique, « chaque capteur a une structure de donnée propre, ainsi chaque fournisseur va délivrer ses données dans un format différent ». Il est donc indispensable, pour rendre la collaboration possible, de définir un format standard commun auquel chaque partenaire doit se soumettre.
Ce standard s’appliquera à toutes les données, qu’elles soient issues de capteurs existants ou des futurs capteurs qui seront intégrés au système. Les partenaires en charge de développer de nouveaux capteurs devront donc s’assurer que la donnée collectée « sorte » dans le format défini par le projet. « Il est possible que certains partenaires rencontrent des difficultés à se conformer au format choisi. Auquel cas, nous les aiderons en créant des connecteurs pour assurer la « liaison » de ces données non-standards », précise Georgios Bouloukakis.
De l’apprentissage automatique pour consolider les modèles
Le but de la plateforme est d’offrir de nouvelles solutions grâce à un algorithme de prise de décision distribué et non centralisé. Dans un premier temps, plusieurs modèles d’IA seront entrainés indépendamment, à partir de données locales. Pour consolider ces avancées, les scientifiques de l’IMT tireront parti de leur expertise en matière de mécanismes de partage sélectif et d’« architectures logicielles fédérées ».
Cette approche d’IA pourrait impliquer le développement d’un modèle global en consolidant plusieurs modèles entraînés sur des données locales – en l’occurrence les données issues des différentes centrales. Les modèles « fédérés » pourraient ensuite être simulés pour faire de la prise de décision à plusieurs échelles.
Le partage de toutes ces données standardisées pourrait également permettre de compléter des données manquantes. « Nous anticipons un degré de variabilité dans les données fournies, entre des centrales qui seront en mesure de délivrer certaines données, et d’autres non. Grâce à ces recherches et aux outils en cours de développement, nous visons à combler ces lacunes en matière de données », projette Georgios Bouloukakis. L’objectif in fine étant toujours de mieux comprendre ces systèmes pour un des centrales hydroélectriques fonctionnelles, optimales et durables.