Avec BART, la blockchain s’offre son alliance scientifique française

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L'un des objectifs de BART sera de diminuer les ressources informatiques nécessaires au fonctionnement de la blockchain pour la rendre compatible avec les besoins industriels.

Quatre instituts de recherche, dont Télécom ParisTech et Télécom SudParis, lancent une initiative commune de recherche sur la blockchain. Complétée par l’Inria et l’Institut de recherche technologique (IRT) SystemX, cette force scientifique tâchera de répondre au défi d’intégrer la blockchain dans les processus industriels. Passage à l’échelle, sécurité, confidentialité des données, architecture, monitoring et modèle économique constituent les six axes de travail de l’initiative nommée Blockchain Advanced Research & Technologies (BART). Gérard Memmi, chef du département Informatique & réseaux de Télécom ParisTech nous détaille les objectifs de cette initiative lancée le 6 mars 2018.

 

Pourquoi créer une initiative commune de recherche sur la blockchain ?

Gérard Memmi : La blockchain est souvent vue comme une technologie mature. Par certains côtés, elle l’est, puisqu’elle s’appuie sur des résultats scientifiques connus depuis 20 ou 30 ans — c’est le cas des arbres de Merkle ou du problème des généraux byzantins. Mais cela ne suffit pas pour faire de la blockchain la technologie révolutionnaire que tout le monde attend. Il faut sans cesse de la recherche derrière pour garantir plus de sécurité, assurer son passage à l’échelle pour les entreprises, et la rendre compatible avec les systèmes d’information d’aujourd’hui et de demain. Actuellement par exemple, la preuve de travail nécessaire à la création et au maintien de blocs est incompatible avec les exigences de performance des industriels : elle demande trop de ressources informatiques, trop de temps et d’énergie. Il y a donc de très beaux défis scientifiques devant nous !

Qu’apporteront les différents partenaires de l’initiative Blockchain Advanced Research & Technologies (BART) ?

GM : Nous attendons d’Inria des recherches sur des aspects de vérification formelle, d’informatique théorique, de cryptographie… Ce que je pense qu’ils attendent de nous se situe plutôt sur le plan applicatif : lien avec les protocoles de télécommunications, développement d’architectures informatiques, cybersécurité, passage à l’échelle… Cela dit, j’espère surtout beaucoup d’interaction entre les chercheurs des différentes disciplines que je viens de citer. Via l’implication de l’IMT, nous pourrons également exploiter la plateforme TeraLab. Quant à SystemX, ils apportent une proximité précieuse avec les industriels, et comptent pouvoir utiliser les résultats scientifiques pour irriguer des travaux situés plus en aval dans le processus d’industrialisation des entreprises. C’est leur rôle en tant qu’institut de recherche technologique.

Quelle est l’ambition de l’initiative Blockchain Advanced Research & Technologies (BART) ?

GM : En créant BART, nous avons l’ambition de monter l’équipe de recherche interdisciplinaire de référence sur la blockchain en France. Nous avons les armes pour le faire, en partie parce que nous travaillons sur le sujet depuis longtemps. Il y a trois ans, nous avons lancé avec EDF dans le cadre de notre laboratoire commun SEIDO, une des premières thèses sur le sujet de la blockchain en France, alors que personne ne parlait de cette technologie. SystemX a débuté des projets de recherche impliquant des partenaires industriels dès 2016, notamment avec le projet Blockchain for smart transactions (BST). Grâce à cela, nous avons déjà commencé à tisser un réseau de relations scientifiques et industrielles de haut niveau.

BART s’ancre donc dans une dynamique déjà en place ?

GM : Oui nous sommes en phase active de lancement. La signature de l’accord-cadre n’est pas juste politique, elle reflète de vraies actions concrètes. Personnellement, je vois l’initiative BART comme faisant partie d’un ensemble unifié. Un des doctorants financés par BART ira par exemple à l’Université technique de Munich (TUM) pour travailler sur leur plateforme dédiée à la blockchain. Cette collaboration a beaucoup de sens parce que l’IMT et la TUM ont fondé l’Académie franco-allemande pour l’industrie du futur. D’ailleurs, dans le cadre de cette alliance nous montons un projet franco-allemand appelé HyBlockArch dédié aux architecture blockchain pour l’industrie. Même si entre toutes ces entités il n’y a pas forcément de lien institutionnel, le travail de chacun est reconnu par les autres et chacun s’alimente. C’est aussi un grand principe de la recherche de niveau international : nous nous regroupons avec un but commun et exploitons toutes les synergies afin de travailler avec le plus grand impact aussi bien scientifique que sociétal.

 

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