Quelle confiance à l’ère numérique ?
La confiance : envers qui ? Envers quoi ? Le prochain sujet du cahier de veille de la Fondation Télécom est au cœur des questionnements induits par le numérique dans une société de défiance. Suite au petit-déjeuner du mercredi 1er mars 2017 au NUMA, en prémices de la publication du cahier de veille au mois de juin, nous nous sommes entretenus avec Aymeric Poulain Maubant, son coordinateur.
Pour sa neuvième édition, le coordinateur du cahier de veille de la Fondation Télécom, Aymeric Poulain Maubant, s’attaque à la notion de confiance. Comme le dit le sociologue Niklas Luhmann, celle-ci est un réducteur de complexité sociale. On fait confiance car on ne peut pas tout maîtriser. Toutefois, il existe une dynamique de la confiance : elle se gagne, elle se perd, elle fluctue. A l’ère des fake news et du fact checking, le moment semble opportun pour présenter cette notion centrale à notre société qu’est celle la confiance. Entretien avec Aymeric Poulain Maubant.
Comment est venue l’idée d’aborder la notion de confiance ?
Aymeric Poulain Maubant : Chaque année, nous prévoyons des thèmes en fonction de la maturité des sujets, de la présence d’enseignants-chercheurs dans les écoles de l’IMT travaillant sur ces thèmes et de l’intérêt des partenaires de la Fondation Télécom. Au départ, nous souhaitions aborder l’idée de blockchain que l’on a ensuite élargi au thème de la confiance. J’apprécie qu’on s’engage sur des gros sujets de ce genre. Il est actuel et multidisciplinaire (sociologie, philosophie, droit, éthique, économie et technique). L’idée est de parler de confiance impliquée par le numérique (transformation numérique de la société, outils numériques, possibilités offertes par les technologies…). Avec ces modifications, la confiance est peut-être en train d’évoluer et d’être distribuée entre différents acteurs. C’est ce que l’on veut montrer.
Qu’est ce qui se cache derrière ce terme de confiance ?
APM : Il y a une crise de confiance depuis la crise économique de 2008 qui s’étend à tous les domaines. Derrière ce mot, on entend : la confiance dans les individus, dans les entreprises, dans les produits, les organismes publics, les politiques… On veut interroger ces aspects en regardant comment le numérique change la donne et la fait évoluer ou pas. L’idée est d’aborder également la confiance en l’avenir, le progrès et les technologies.
Revient assez souvent le terme de la peur et de la défiance. Cela va être intéressant d’interroger la société du risque, le principe de précaution, la défiance envers les ondes téléphoniques, les OGM, les nanotechnologies… Pour cela les écoles de l’IMT ont beaucoup d’interlocuteurs notamment à travers les chaires Risques émergents et technologies (Rite) ou Valeurs et politiques des informations personnelles (VPIP). Enfin, la cyber sécurité sera abordée et il y aura un zoom assez fort sur les aspects confiance et santé.
Depuis sa création, le cahier de veille n’a cessé d’évoluer. Quel rôle vont jouer les petits déjeuners de la fondation ?
APM : On suit une méthode évolutive, on invente en marchant ! Le cycle de petits déjeuners de la Fondation va apporter d’autres contributions. Parmi les quatre prévus, deux se déroulent avant la publication du cahier, et deux après. Avant parution, l’objectif est de profiter d’interventions d’experts externes pour recueillir du contenu tout en présentant le sujet. Ces petits déjeuners servent également à préparer la sortie du cahier, prévenir de la thématique et éventuellement d’établir des relations avec des partenaires futurs. Ils pourront m’apporter des informations que je n’aurais pas obtenues autrement. Après parution, ils serviront à valoriser le cahier et ses partenaires. Ces évènements sont ouverts au grand public. Donc il y aura peut-être des interventions de chercheurs mais l’objectif n’est pas de présenter de la recherche fondamentale. Pour cela il y aura le séminaire interne prévu fin mars.
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre travail sur les cahiers de veille ?
APM : Travailler sur ces cahiers est structurant personnellement. Chaque fois, le sujet me passionne et je ne veux rien laisser de côté. L’an dernier, j’ai dû lire près de 200 documents dont 150 publications scientifiques, une vingtaine de livres et des articles de presse ! On est vraiment dans un travail transdisciplinaire, ce serait dommage d’avoir raté quelque chose. De manière générale, c’est une progression sur l’exploration des sciences et de la société. Et au fil des années, les cahiers m’ont fait structurer une partie du reste de mon activité autour du thème en cours. Par exemple, cette année je travaille en parallèle sur le cahier de la chaire VPIP. Celui-ci porte sur les « signes et marques de confiance ». Ces travaux de réflexion et de rédaction peuvent également servir pour des interventions de prospective auprès de startups ou de groupes d’étudiants.
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Cahier de veille de la Fondation Télécom
Intelligence artificielle, homme augmenté… pour en savoir plus sur les précédents cahiers de veille de la Fondation Télécom c’est ici.
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