« Dans le domaine biomédical, c’est la seule voie pour rendre utile les recherches de nos laboratoires. » Stéphane Avril, enseignant-chercheur à Mines Saint-Étienne, en est aujourd’hui convaincu : dans son domaine, les idées doivent devenir des start-up pour continuer leur développement. Un point de vue parfois tabou, avoue-t-il, vis-à-vis d’autres scientifiques moins enclins à se laisser tenter par une aventure entrepreneuriale. C’est en 2017 qu’il saute le pas « par curiosité » avec PrediSurge. L’entreprise se situe aujourd’hui « dans la transition entre start-up et entreprise qui a pris son envol », selon le chercheur et co-fondateur.
Petite idée deviendra start-up
PrediSurge est née de la volonté d’améliorer la sureté des interventions chirurgicales de pose des endoprothèses endovasculaires, un dispositif médical utilisé dans la prévention de la rupture d’anévrisme. Certaines de ces endoprothèses se comportent de façon imprévisible, ce qui peut induire des complications au bloc opératoire. La solution envisagée : un outil pour aider les chirurgiens dans le choix de la prothèse, sa personnalisation et son implantation, en amont de la chirurgie. Pour ce faire, Stéphane Avril développe, avec le chirurgien vasculaire Jean-Noël Albertini, et leur doctorant David Perrin, une technologie de jumeau numérique en 3 dimensions, en utilisant des données d’imagerie médicale.
Mais le projet n’était pas assez mûr pour proposer des services aux cliniciens. Il entre alors en incubation au sein de Mines Saint-Étienne. PrediSurge est finalement cofondée en 2017 par Jean-Noël Albertini, David Perrin et Stéphane Avril, accompagnés d’Alban Molle, valorisant ainsi la recherche menée au sein de l’école.
L’équipe enchaîne alors les concours et levées de fonds pour financer sa montée en niveaux de maturité technologique, et remporte les Prix PÉPITE et le Concours Docteurs Entrepreneurs en 2017, ainsi que le Concours i-Lab 2018. En 2022, la start-up est lauréate du programme européen EIC (European Innovation Council) Accelerator. Celui-ci finance des projets d’innovation « à haut potentiel et à haut risque » et les accompagne pour passer à l’étape de commercialisation de la technologie.
Protéger l’innovation par des brevets
En parallèle de sa maturation, PrediSurge dépose des brevets pour protéger ses innovations, avec le soutien de l’Institut Mines-Télécom (IMT). Chaque brevet déposé passe en effet par une commission spécialisée, où des représentants de chaque école siègent. Stéphane Avril salue la qualité des conseils stratégiques prodigué par Mines Saint-Étienne dans ce domaine, mais aussi la proactivité de l’établissement et du groupe. « L’IMT a été très réactif pour mettre en place une licence d’exploitation exclusive avec option d’achat sur le brevet », précise le chercheur.
Ce type de licence donne au licencié – ici, Predisurge – le droit exclusif d’utiliser la technologie concernée, avec la possibilité future de l’acheter. Pendant la durée du contrat, seul le licencié peut exploiter le brevet, tandis que l’option d’achat permet de « tester la rentabilité » de l’innovation, et de décider d’acquérir le brevet plus tard, selon des conditions prédéfinies. Pour le concédant (titulaire du brevet, ici l’IMT), cela génère des revenus et valorise le brevet tout en gardant ouverte la possibilité de le vendre si le licencié décide de l’acheter. « C’est gagnant-gagnant », résume Stéphane Avril.