Cyril Coulange et François Hiriart se rencontrent en 2011, dans un cabinet de conseil en finance. Après quelques années à y développer leur expertise, leurs routes se séparent et chacun poursuit sa carrière dans ce domaine. En 2020, Cyril Coulange choisit la voie de l’entrepreneuriat, lançant une activité de directeur financier externalisé indépendant. « Je me suis aperçu que la plupart des entreprises partageaient le même problème : leur pilotage financier était vécu comme une contrainte complexe et chronophage », constate-t-il. « Alors qu’en réalité, il peut s’agir d’un levier de croissance lorsqu’il est bien utilisé. »
Certains dirigeants cherchent ainsi à s’en occuper eux-mêmes, par exemple via Excel. « Mais ils se heurtent rapidement aux limites d’un outil non spécialisé et y passent beaucoup de temps, avec un risque sérieux de commettre des erreurs de saisie », relève Cyril Coulange. « Il existe bien des solutions spécifiques sur le marché, mais aucune ne nous semble totalement satisfaisante. De plus, les données chiffrées telles quelles ne suffisent pas toujours à prendre les décisions opportunes, sans expertise financière. » C’est pourquoi des entreprises font appel à un directeur financier externalisé : elles sont dès lors dépendantes des documents produits par ce dernier et, surtout, de la fréquence à laquelle il les établit.
Suivi de la trésorerie et de la comptabilité
En 2021, Cyril Coulange partage son constat avec François Hiriart et ils décident de fonder ensemble heelio, qui sera ensuite incubée à Télécom Paris. Ils entendent alors s’adresser aux dirigeants de start-up et de PME qui souhaitent ne plus perdre de temps sur leur reporting financier, éviter les erreurs et se concentrer sur leur cœur d’activité. Le but : leur offrir de la visibilité et les aider à prendre les bonnes décisions, grâce au pilotage financier.
En premier lieu, heelio s’appuie sur la plateforme logicielle qu’elle a développée, qui comprend aujourd’hui deux modules principaux. Premièrement, le module « trésorerie » permet notamment de catégoriser les flux bancaires, de suivre l’évolution de sa trésorerie et d’établir des prévisions pour les mois suivants.
De son côté, le module « comptable » s’appuie sur les données de facturation pour suivre les créances clients, les dettes fournisseurs et fournir une estimation du compte de résultat. Cette dernière fonctionnalité représente un véritable facteur de différenciation, selon Cyril Coulange : « Jusqu’à présent, si vous vouliez une vision de votre compte de résultat, vous étiez dépendant de l’intervention de votre comptable. Chez heelio, nous ne remplaçons pas ce dernier, ni un logiciel de comptabilité. En revanche, nous vous livrons une estimation fiable de votre compte de résultat, sans vous obliger à attendre l’envoi du document par le comptable. »
Modèle hybride : plateforme logicielle et accompagnement personnalisé
Ces deux modules seront prochainement complétés par un tableau de bord, affichant des indicateurs personnalisés. Ils se veulent, de surcroît, entièrement collaboratifs : le client peut y accéder en temps réel, à tout moment, au même titre que son directeur financier externalisé, une fonction aujourd’hui assurée par les deux cofondateurs de la start-up.
Car c’est aussi par son approche hybride que la solution développée par heelio se distingue d’un logiciel classique. Chaque client bénéficie en effet d’un accompagnement complet, qui va bien au-delà de la seule externalisation du reporting financier. « Nous réalisons notamment des simulations, afin de mesurer l’impact d’une action sur l’entreprise », ajoute Cyril Coulange. « De cette façon, nous aidons les dirigeants à prendre des décisions stratégiques et, parfois, à corriger une situation problématique. Et nous intervenons également auprès de dirigeants ayant levé des fonds, pour communiquer les chiffres et les principales analyses à leurs investisseurs, souvent très exigeants en la matière. » Des informations qui s’appuient sur les données de leur propre outil. « Pour résumer, heelio est le premier directeur financier externalisé augmenté d’une plateforme », affirme son cofondateur.
Par exemple, la start-up a récemment accompagné une entreprise qui avait conclu une levée de fonds auprès d’un investisseur américain. Ce financement devait servir à renforcer rapidement l’équipe avec des profils de haut niveau. « Nous avons cependant remarqué que l’argent était dépensé bien plus vite que prévu », relate Cyril Coulange. « Fallait-il dès lors se séparer des dernières recrues, au salaire élevé mais qui apportaient beaucoup à l’entreprise ? Ce n’était heureusement pas nécessaire : en étudiant les données financières historiques et prévisionnelles, nous avons trouvé une autre source de dépenses qui pouvait être réduite. »
Automatisation et intelligence artificielle
La solution – incluant les deux modules principaux et l’accompagnement – est commercialisée depuis la fin 2023. Heelio n’en a toutefois pas terminé avec le développement technique de son logiciel, puisque de nouvelles fonctionnalités sont prévues dans les prochains mois. « Nous allons bientôt proposer des indicateurs financiers additionnels, en croisant les informations de trésorerie et de comptabilité avec des données opérationnelles, telles que les signatures de contrat à venir, le nombre de clients, d’employés, etc. », annonce Cyril Coulange. « Le client pourra alors choisir d’afficher, dans son tableau de bord, des éléments comme ses délais d’encaissement moyens ou son chiffre d’affaires par employé, qui peuvent en dire long sur la santé de sa société. »
De même, la start-up développe actuellement un algorithme de catégorisation automatique des transactions bancaires, qui sera intégré dans le module « trésorerie » et qui tiendra compte du secteur de chaque entreprise. Cette classification des flux est aujourd’hui semi-automatisée dans heelio et son automatisation complète fera gagner du temps au client comme au directeur financier externalisé, qui pourra ainsi se concentrer sur son rôle de conseiller.
Enfin, la jeune société a profité de sa période d’incubation à Télécom Paris pour travailler avec des étudiants de l’école, en particulier sur un possible apport de l’intelligence artificielle. « Nous souhaitons utiliser des algorithmes de machine learning pour établir des prévisions financières », dévoile Cyril Coulange. « Il s’agirait, par exemple, de prévoir les encaissements futurs, en s’appuyant sur des données comme les ventes passées, les coûts d’acquisition client ou les campagnes de promotion. » Un éclairage supplémentaire qui augmentera encore la pertinence du directeur financier externalisé, au service du pilotage stratégique des entreprises.