Avec la capture de mouvement, les gestes tels que la rotation d’un bras ou le fléchissement d’une jambe peuvent être quantifiés, ce qui est impossible à l’œil nu. Il est ainsi possible d’étudier précisément les mouvements d’une personne et de les mettre en lien avec son activité cérébrale qui elle, peut être visualisée en couplant la motion capture à un électroencéphalogramme ou à de la spectroscopie infrarouge.
Industrie 4.0 et sport de haut niveau
Les chercheurs d’AIHM travaillent aussi sur les troubles musculosquelettiques dans l’industrie 4.0. Avec la motion capture, les scientifiques comptent étudier les mouvements des manutentionnaires avec précision. Dans ce cadre, l’objectif est de proposer des conseils pour optimiser les mouvements des travailleurs afin de réduire leurs problèmes de santé. Il s’agirait par exemple de voir comment une personne peut améliorer sa posture lorsqu’elle porte un colis et lorsqu’elle se déplace avec. Dans ce sens, ces études pourraient également déboucher sur des suggestions d’amélioration de l’aménagement de l’espace de travail.
La technologie présente également un intérêt dans l’analyse des mouvements des sportifs. Concernant ce domaine, le but ne serait pas seulement d’éviter les blessures mais aussi d’améliorer les performances des athlètes. « Auparavant les entraîneurs des sportifs de haut niveau étaient chargés de diagnostiquer les postures des athlètes pour les aider à améliorer leurs performances » déclare Pierre Slangen. « Aujourd’hui des outils comme la motion capture permettent d’accompagner les entraîneurs pour réaliser des analyses plus fines » poursuit le chercheur.
La motion capture « monocaméra » a d’ailleurs été utilisée à IMT Mines Alès dès 2004 pour optimiser la prothèse de course de Dominique André, sprinter paralympique médaillé. Actuellement, la capture de mouvement « multicaméras » est également appliquée dans le domaine du cyclisme mais aussi dans l’optimisation de prothèses de marche pour des utilisations quotidiennes.
Avec la motion capture, des jumeaux numériques de l’individu filmé sont produits, ce qui permet de lui montrer ce qui se passe lors de son activité. « Cette perception visuelle est très motivante car on peut montrer des amplitudes de mouvements aux sujets et aux sportifs » indique le chercheur. Il est ainsi possible de faire du renforcement psychologique. Le fait de visualiser ses mouvements sur un écran permet d’encourager les sportifs et les usagers à reproduire les gestes les mieux adaptés à la pratique de leur activité.
Un avantage interdisciplinaire
Selon Pierre Slangen « la plus-value de la plateforme AIHM est qu’elle fait intervenir des ingénieurs et des docteurs de différentes disciplines telles que l’optique, la physique et la vision par ordinateur ». Parmi ces professionnels, certains sont des experts en métrologie (la science des mesures) de leur domaine, ce qui permet d’apporter un regard critique sur les mesures réalisées lors des expériences. « Ils sont capables de qualifier et de quantifier les mesures et leur validité » pointe Pierre Slangen. De cette façon, les essais sont constamment améliorés de sorte à obtenir des résultats de plus en plus fiables.