Ai4R : un leadership mondial sur une technologie de pointe en imagerie médicale
La jeune pousse Ai4R créée par un diplômé d’IMT Atlantique a développé un procédé d’autoradiographie, pour lequel elle commercialise une gamme de machines très performantes. Fortement axée sur la recherche, elle a bénéficié du soutien de l’incubateur de l’école et dernièrement du plan France Relance.
La version originale de cet article a été publiée sur le site d’IMT Atlantique.
Ai4R offre un bon exemple de ces petites sociétés très innovantes qui prennent leur essor et grandissent dans l’écosystème d’IMT Atlantique. Spécialisée dans l’imagerie médicale, elle a développé et commercialise un dispositif d’autoradiographie : à la différence de la radiographie « classique», celle-ci utilise des rayonnements (alpha ou bêta) inclus dans l’échantillon observé lui-même – une technologie de niche connue depuis longtemps. Plus besoin de passer par une étape de « révélation » : l’observation peut ainsi être conduite « en temps réel », offrant à l’opérateur une grande souplesse d’utilisation. Autres avantages : une image de meilleure qualité (la précision atteint jusqu’à 20 micromètres) et une grande sensibilité.
Arthur Bongrand post-doctorant, Julie Champion, enseignante-chercheure à SUBATECH et Jerôme Donnard, créateur d’Ai4R.
Ai4R (Atlantic Instruments for Research) a été créée en 2012 par Jérôme Donnard, diplômé de l’école en 2005, qui a aussi effectué une thèse en physique au sein du laboratoire SUBATECH. La start-up a figuré parmi les premières hébergées par l’incubateur d’IMT Atlantique – elle y loue toujours des locaux. Par la suite, elle a également recruté deux docteurs de SUBATECH, qui sont devenus actionnaires.
Une gamme de deux machines pour la recherche
Aujourd’hui, Ai4R commercialise deux appareils, baptisés BeaQuant et BeaQuant-S, qui présentent les mêmes caractéristiques en termes de puissance et de résolution. La principale différence porte sur la taille du porte-échantillons : 18 ou 4 lames de microscope, selon la version. « Notre procédé offre une qualité équivalente à celle du film photo, souligne Jérôme Donnard. Et le fonctionnement « temps réel » supprime le risque de louper l’exposition. »
Ces appareils sont d’abord destinés à la recherche, tant sur les neurosciences qu’en cancérologie. Dans ce dernier cas, ils peuvent aider au diagnostic, mais aussi au traitement. « Actuellement, la médecine nucléaire développe l’utilisation de médicament, contenant un émetteur alpha chargé de détruire la tumeur », explique Julie Champion, enseignante-chercheure à SUBATECH, spécialiste de la radio-chimie appliquée au domaine médical, et qui poursuit une collaboration régulière avec l’équipe d’Ai4R. Les radio-éléments dédiés à la recherche en médecine sont notamment produits par le cyclotron Arronax, installé à Nantes, et auquel SUBATECH est associé. « Nous apportons des solutions d’imagerie pour la recherche sur les thérapies en cancérologie pour lesquels, jusqu’à présent, il existait peu de traitements, note Jérôme Donnard. C’est un marché potentiel en forte croissance. »
Quant aux utilisateurs, ce sont pour l’essentiel des laboratoires, publics ou privés. Un marché de niche, certes, mais à l’échelle mondiale, et sur lequel Ai4R détient une position de leader. La jeune pousse commercialise ainsi ses machines en Europe du Nord, aux États-Unis ou au Canada, et en Asie (Chine, Japon, Singapour…).
Les géosciences, un autre débouché prometteur
Ai4R mise aussi sur un autre créneau prometteur, celui des géosciences. Les machines BeaQuant peuvent en effet être aussi utilisées pour détecter des particules, même en très faible quantité, notamment dans le sol ou dans des milieux pollués par la radioactivité. « Nous pouvons par exemple réaliser des mesures très fines dans des endroits où on trouve des concentrations de particules, comme des filtres, poursuit le chef d’entreprise. A ce jour, très peu d’instruments permettent cela. » Ai4R a ainsi pu travailler sur des échantillons venus de Fukushima, ou sur des poissons contaminés par la radioactivité. Dans ce domaine, Ai4R a de nouveau collaboré avec SUBATECH, afin de développer une application dédiée, l’école faisant ainsi figure de «centre de ressources» pour l’entreprise. Avant de travailler dans le médical, Julie Champion avait d’ailleurs planché sur la mesure de particules radioactives dans l’environnement.
« Les géosciences sont un domaine dans lequel l’autoradiographie n’est pas encore arrivée, et dans lequel il y a encore beaucoup de recherches à mener, observe Jérôme Donnard. A nous de faire connaître les avantages de notre technologie et de susciter la confiance chez nos interlocuteurs. Cela prend du temps… ». La double étiquette public-privé et la collaboration avec SUBATECH devraient cependant faciliter les choses.
IMT Atlantique a fait bénéficier Ai4R du plan France Relance : la jeune pousse a pu recruter pour deux ans, avec un salaire pris en charge à 80 %, un ingénieur de recherche, titulaire d’un doctorat. Sa mission est double : poursuivre le développement de l’instrument, mais aussi faire apparaître Ai4R comme un acteur incontournable dans la radiothérapie – notamment en publiant des articles dans des revues de recherche et en participant à des congrès scientifiques. Toujours dans le cadre de France Relance, Ai4R accueille également, depuis juin 2022, une stagiaire élève ingénieure d’IMT Atlantique qui planche sur l’analyse des données.
« Pour une petite structure comme la nôtre, très axée sur la recherche, ce plan est une excellente opportunité, apprécie Jérôme Donnard. Il va nous permettre d’être mieux identifiés dans la communauté scientifique, y compris à l’international. C’est aussi une forme de reconnaissance de la part de l’école. » IMT Atlantique y trouve aussi son compte : « Ce plan nous permet d’avoir des étudiants qui travaillent avec Ai4R – comme stagiaires, par exemple, constate Julie Champion. Et cela montre aux élèves que la création d’entreprise est une voie à ne pas négliger. »
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