Le suivi médical du futur, selon Marc Girod-Genet
Cet article a été initialement publié sur le site de Télécom SudParis.
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S’assurer de la bonne santé d’un malade chronique ou d’une personne âgée, en temps réel et à distance, est désormais à portée de main. Marc Girod-Genet, chercheur à Télécom SudParis, nous explique comment un tel monitorage peut changer la vie des patients et de leurs médecins en améliorant le suivi médical.
« Notre but est d’espacer les cycles d’hospitalisation », déclare Marc Girod-Genet, à propos de ses recherches actuelles sur SmartBAN. Il a été, pour Télécom SudParis, l’un des membres fondateurs de ce comité technique, piloté par l’ETSI (European Telecommunications Standards Institute), un organisme européen de standardisation dans le domaine, notamment, des objets connectés.
SmartBAN a pour objectif de développer des standards technologiques en matière d’architectures IoT sécurisées, à faible consommation et davantage autonomes. Marc Girod-Genet y a contribué en les dotant d’une gestion d’interopérabilité (au niveau du traitement des données et du réseau) et d’une analyse sémantique (contrôle et gestion d’alarme automatiques) embarquées. Le monitorage et suivi à distance des personnes âgées ou dépendantes est l’un de ses principaux sujets d’application.
Détecter le moindre danger
Dans le cadre d’une exploitation médicale, le BAN (Body-Area Network) regroupe les capteurs qui sont sur la peau, les vêtements ou dans l’environnement du patient. Ces derniers servent à monitorer ses paramètres vitaux en temps réel. Ces capteurs sont reliés à un concentrateur de données, ou « hub », (un PC ou un mobile) qui va :
- pré-traiter les données collectées,
- gérer les alarmes dites « locales », destinées uniquement au patient comme une prise médicamenteuse, et les alarmes « globales », plus critiques, destinées au personnel soignant,
- et renvoyer les données pré-traitées vers un serveur de contrôle et de monitorage distant, faisant le lien avec une interface utilisée par la famille proche ou le médecin.
On retrouve une telle application avec CareWare, un projet de support de monitorage pour des personnes âgées ou dépendantes, dans des structures spécialisées. (Ci-contre : l’interface de l’application CareWare, pour les patients, médecins et proches).
« Dès que les capteurs détectent des paramètres identifiés comme induisant une situation de danger, une alarme est directement envoyée sur le terminal du médecin qui suit la personne à distance », explique Marc Girod-Genet. Par ailleurs, « le médecin peut aussi suivre ses patients en temps réel et observer l’évolution de leurs paramètres vitaux : rythme cardiaque, taux d’oxygène dans le sang, d’insuline pour les diabétiques, gyroscopie et accélérométrie pour détecter les chutes, etc ». Actuellement en phase d’essais cliniques à l’Office d’hygiène sociale de Nancy, le projet SmartBAN-CareWare sera prochainement testé dans le living lab de Télécom SudParis, EVIDENT, afin d’obtenir un premier prototype opérationnel d’ici novembre 2018.
Mieux vaut ‘‘surveiller’’ que guérir ?
« Il n’y a jamais de sur-surveillance », clame Marc Girod-Genet. Pourtant, la question se pose : pouvoir détecter la moindre situation critique ou paramètre vital, et n’importe quelle activité physique, n’est-ce pas favoriser une surveillance plus généralisée des individus ? Si ce n’est strictement que pour du suivi médical, non, d’après le maître de conférences : « on ne peut pas parler ici de sur-monitorage puisque c’est fait pour le bien d’individus en dépendance médicale, pour leur faciliter leur vie quotidienne, et pour aider leurs médecins. Je vois cela plus comme un soutien qu’une véritable intrusion : il faut détecter au plus tôt les évolutions d’une maladie pour éviter qu’on en arrive à des hospitalisations lourdes ».
Quant à la question de la protection des données et de la préservation de la vie privée des patients, il certifie que « le réseau d’objets connectés sera sécurisé par une authentification, un contrôle d’accès et les données seront cryptées ». Autrement dit, SmartBAN assurera une « sécurité appropriée » aux différentes applications de ses standards technologiques, en accord avec les nouvelles réglementations européennes de mai 2018. « Il est vrai que pour la e-santé, ce sera un des paramètres cruciaux à prendre en compte », commente Marc Girod-Genet.
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