La RFID fait déjà partie de notre quotidien
Invisible, la RFID (Radio-Frequency IDentification)* fait déjà partie de notre quotidien : de nombreux usages sont en effet déjà très répandus auprès du grand public (contrôle d’accès, télépéage, paiement sans contact, transports en commun, à l’hôpital, dans les bibliothèques…). L’identification par radiofréquence (RFID) participe en fait d’une nouvelle vague technologique faite d’objets et environnements communicants développés pour donner accès à des informations sur tout et partout, pour identifier, authentifier, localiser, tracer des objets ou des personnes, automatiser ou sécuriser des processus et, très récemment, modéliser des comportements et faire des prédictions statistiques.
Mais son objectif de traçabilité et son fonctionnement par radiofréquences placent ce complexe technologique au cœur de controverses socio-politiques et scientifiques émergentes. Si, d’une part, on redoute ses effets pervasifs sur la vie privée et ses dérives possibles en termes d’utilisation de données collectées, d’autre part on s’interroge sur les effets sanitaires de ses champs électromagnétiques, surtout dans les cas d’exposition prolongée de certains travailleurs ou, en perspective, d’exposition répétée du grand public suite à la multiplication des lecteurs. Plus récemment, de nouvelles interrogations ont aussi émergé au sujet des implications environnementales de la diffusion de la RFID : lorsque par l’Internet des objets, la communication M2M et le Wearable, tout objet sera « tagué » par des milliards d’étiquettes RFID, comment va-t-on gérer leur production et leur fin de vie ? Ces enjeux s’annoncent de taille, si l’on considère que les étiquettes RFID contiennent non seulement du silicium, mais aussi du cuivre, de l’argent, des solvants, des colles, des plastiques.
Les réflexions sur ces sujets se multiplient ainsi que les salons et les conférences mais force est de constater qu’ils abordent pour l’essentiel des hypothèses économiques et techniques, sans prendre le recul nécessaire sur les implications sociétales de cette nouvelle vague technologique.
« Une approche réflexive devient nécessaire pour une innovation responsable »
Pour Laura Draetta, sociologue à Télécom ParisTech et co-organisatrice de l’événement, « entre risque d’atteinte à la vie privée, effets sanitaires incertains et impact environnemental à gérer, une approche réflexive devient nécessaire afin d’identifier les exigences et les opportunités pour une innovation responsable dans ce domaine. Les chercheurs de l’Institut Mines-Télécom s’intéressent à ces questions, aussi bien dans le champ des sciences pour l’ingénieur que dans celui des sciences humaines et sociales. Aux côtés d’informaticiens et d’électroniciens, des sociologues, des juristes et des philosophes, mènent des programmes de recherche visant à comprendre et anticiper les implications sociétales des nouveaux développements technologiques et à proposer des pistes d’innovation responsable pour une transformation de la relation technologie-société-environnement. »
La journée de conférences et de débats** organisée le 14 mars prochain par Télécom ParisTech, réunira des intervenants politiques et de l’administration publique, de l’industrie et de la société civile, ainsi que des chercheurs (ingénieurs, médecins, SHS) qui discuteront des relations entre innovation responsable et RFID. Ils échangeront avec le public afin de proposer des pistes de réflexion et d’orientation pour une responsabilisation de l’innovation dans un domaine technologique aujourd’hui émergent auprès du grand public.
* la RFID se compose d’une radio-étiquette (tag) contenant une puce électronique communicante et une antenne, et d’un lecteur pouvant récupérer à distance et sans contact, par le moyen de radiofréquences, les données stockées sur la puce.
** Soutenue par le DIM IS2-IT (Ile-de-France) et par l’Institut Mines-Télécom, la conférence est organisée par l’Observatoire pour l’innovation responsable, un laboratoire d’idées sur la responsabilité dans l’innovation fondé en 2011 à Mines ParisTech et intégré à l’Institut interdisciplinaire de l’innovation (i3).
La RFID à l’épreuve de l’innovation responsable
Vendredi 14 mars 2014, de 9 h 30 à 17 h 30
à Télécom ParisTech, 46 rue Barrault, Paris 13e
Consulter ici le programme complet et la liste des intervenants