C’est ce que propose la technologie SolarDry. En amoindrissant grandement le volume global de ces boues, elle en facilite également le transport : « Alhomna Systems participe ainsi à la réduction des coûts logistiques pour les industriels », explique Thomas Delapierre. Ces effluents, une fois déshydratés, forment une biomasse sèche, qui peut être renvoyée vers les sols après un contrôle sanitaire. Bien qu’elle ne constitue pas un engrais à elle seule, cette matière fait office de complément pour la nutrition des plantes, et elle se conserve sans risque de se détériorer.
Une utilité qui dépasse les frontières
En plus de la transformation des effluents en masse organique, la technologie SolarDry, lorsqu’elle dessèche les boues, parvient à en extraire de l’eau distillée, réutilisable dans le domaine agricole, pour l’irrigation des cultures. De fait, le SolarDry peut répondre à des enjeux immédiats, au-delà même de la France. « Au Sénégal par exemple, il y a de gros problèmes d’imprévisibilité des pluies, et un grand besoin d’irrigation », affirme le fondateur de la jeune pousse.
En agriculture, une plante qui a reçu de l’eau ne peut ensuite en être privée du jour au lendemain, sans quoi elle finit par mourir. Il est donc nécessaire d’avoir des solutions de secours, en cas de sécheresse ou de problème technique d’acheminement de l’eau. Une de ces alternatives pourrait parfaitement être assurée par la technologie aixoise, avec son eau distillée adaptée à l’irrigation. « Notre solution est également un frein à l’exode rurale, car elle fonctionne à l’échelle locale », ajoute-t-il.
La technique SolarDry, qui a pour mission de déshydrater la matière, est donc devenue la pierre angulaire, le fer de lance de la start-up créée par Thomas Delapierre. Mais la pyrogazéification n’est pas abandonnée pour autant. En effet, convertir les déchets en gaz reste un objectif visé à long-terme par la start-up : « L’objectif final est de proposer un outil complet, avec la déshydratation des boues, et dans un second temps, la pyrogazéification de la masse qui a été desséchée ».
Pour développer ses systèmes qui visent à concentrer l’énergie solaire pour traiter les déchets, Alhomna Systems, peut compter entre autres, sur l’appui du réseau de l’Institut Mines-Télécom : l’incubateur TechForward, mais également le Programme d’innovation de création et d’entreprenariat (PRICE) de Mines Saint-Étienne. Dans le développement du prototype, qui a servi aux premiers essais réussis de pyrogazéification de l’entreprise, le soutien de l’école stéphanoise s’est révélé crucial : « Nos interlocuteurs à Mines Saint-Étienne nous ont aiguillés extrêmement rapidement vers des personnes qui travaillaient déjà en laboratoire sur ces sujets de recherche », précise Thomas Delapierre.
Le rêve « Solar Punk »
La jeune pousse a pour objectif de lancer l’industrialisation de son dispositif début 2026, pour ensuite installer une chaîne de production à l’échelle locale, en France, avant de s’exporter en dehors des frontières de l’Hexagone. La feuille de route de la start-up est dessinée, et son cap est bien défini, à court, comme à moyen terme. Mais cela n’empêche pas Thomas Delapierre, le fondateur, d’avoir un rêve : le Solar Punk. Cet idéal, encore lointain, correspondrait à une société centrée autour d’une énergie solaire, qui assurerait tous les besoins de l’humanité : « Avec une technologie assez puissante, il serait possible d’extraire le sel de l’eau, faire fondre du sable pour construire… Il n’y a, en théorie, aucune limite », sourit-il. Si cette oasis technologique n’est pour l’instant qu’un projet pharaonique, en ce qui concerne l’énergie solaire, « sky is the limit » !