Dans les coulisses de l’échantillonnage et des analyses
Pour arriver à ces résultats, les méthodes d’échantillonnage et d’analyse ont leur importance. En particulier en regard de la volonté d’harmonisation des méthodologies portée par le financeur, l’Ademe.
Les techniques varient pour s’adapter au milieu étudié. Les sédiments des rivières sont prélevés sur place par les chercheurs, à l’aide d’une petite mâchoire mécanique, ou benne à sédiment. Des carottages sur une dizaine de centimètres permettent de prélever les sols. Dans les eaux, des filets piègent les particules en suspension. Enfin, des collecteurs, sortes d’entonnoirs montés sur des récipients de collecte, captent les microplastiques qui s’y déposent après avoir été portés par les airs.
Les échantillons sont ensuite traités en laboratoire. Les LMP sont triés par tamisage, mesurés et classés en six catégories : les fibres, les fragments, les films, les mousses, les billes et les granulés. Tandis que les particules de taille inférieure à 1 mm (small microplastics, SMP) sont séparées par densité avant de subir un traitement chimique et d’être observées au microscope.
Les deux types de particules font également l’objet d’une analyse infrarouge afin de déterminer leur composition chimique. Grâce à une bourse européenne, Mel Constant a eu l’opportunité de se rendre à l’Université d’Aalborg, au Danemark. Dans ses bagages, les échantillons de microparticules de moins de 300 μm, afin de tester d’autres protocoles de traitement et d’analyse.
Vers une harmonisation nationale de la méthodologie
Ces considérations méthodologiques font partie intégrante du projet Dymitria. En effet, il n’existe pas à ce jour de cadre normatif et réglementaire pour le suivi et l’évaluation des microplastiques. Il en résulte une diversité de méthodologies qui pose un problème pour la comparaison des données. Pour impulser une dynamique nationale, l’Ademe et l’OFB financent depuis décembre 2022 quatre projets de recherche, dont le projet Dymitria fait partie. Une synthèse sur la métrologie sera rédigée à cet effet avec l’Ademe.
L’équipe compte bien publier ses travaux une fois achevés, et participe déjà activement à la sensibilisation du public sur le sujet, notamment pendant la Fête de la science. Un sujet majeur, puisque les microplastiques retrouvés dans la terre que nous cultivons, l’eau que nous buvons et même l’air que nous respirons finissent dans nos corps. Avec des effets nocifs sur la santé encore mal compris.