Créer de ses propres mains : cette passion anime Thomas Salvignol depuis toujours. « Tout petit déjà, j’étais attiré par les jeux de construction, en particulier les Lego », se souvient-il. « Mais j’ai été rapidement frustré par le manque de dynamisme et d’automatisation. » Alors, au collège, à partir de 2014, il commence à s’intéresser à l’électronique – en mesure de donner vie à ses créations – et se procure un kit de démarrage. Néanmoins, le jeune homme ne dispose d’aucune connaissance en la matière et les instructions fournies s’avèrent insuffisantes. « Il n’y avait, à l’époque, aucune solution clé en main », regrette-t-il. « Il fallait se débrouiller pour se former à l’électronique et à la programmation. »
Après de multiples recherches sur Internet et de nombreuses heures consacrées à cet apprentissage, Thomas Salvignol développe ses compétences et réalise divers objets : un trieur de pièces de monnaie, un distributeur de croquettes pour chien, un lanceur automatique de volants de badminton… Cependant, entre deux idées de projet, il se trouve régulièrement à court d’inspiration. « J’aurais alors aimé pouvoir nourrir ma créativité à partir de suggestions d’autres passionnés », confie-t-il.
Créer son entreprise
Ne trouvant pas de réponse satisfaisante à son besoin, Thomas Salvignol décide progressivement de donner lui-même naissance à la solution idoine. Et cela tombe bien : la création d’entreprise l’a également toujours fasciné, jusqu’à orienter ses choix de parcours scolaire. « En tant que passionné d’électronique, de programmation, ou encore de spatial, je me suis naturellement dirigé vers une école d’ingénieurs », indique-t-il. « Et pour choisir celle qui me correspondait le plus, j’ai regardé quels établissements accordaient une place significative à l’entrepreneuriat. »
En juillet 2023, au retour des oraux de ses concours d’admission, Thomas Salvignol crée officiellement MONELECTROBOX et, quelques semaines plus tard, intègre donc IMT Atlantique. Accompagnée par l’incubateur de l’école, la start-up propose « une dose éducative et créative tous les deux mois », selon son fondateur.
Concrètement, c’est à cette fréquence que les abonnés de l’entreprise reçoivent un kit complet permettant d’assembler un dispositif électronique. Chacune des box – aussi disponibles à l’unité, sans abonnement – peut être livrée en deux versions. La box « essentielle » comprend absolument tout le nécessaire : des composants électroniques aux divers matériaux requis, en passant par les pièces à assembler, imprimées en 3D par MONELECTROBOX, et les instructions à suivre pas à pas. De son côté, la version classique s’adresse à des utilisateurs davantage équipés, disposant à domicile d’une imprimante 3D et d’une découpeuse laser. Ils peuvent ainsi s’appuyer sur les fichiers 3D fournis dans la box afin de gérer eux-mêmes la fabrication.
Créer des vocations
Et pour l’apprentissage de la programmation, la start-up recourt à des cartes électroniques Arduino. « Il s’agit à la fois d’un microcontrôleur programmable et open source, et le langage de programmation qui va avec », présente Thomas Salvignol. « Cette technologie remplit tous les critères essentiels à MONELECTROBOX : simple, accessible au grand public et adaptée à des créations modulables. » Car la personnalisation figure au cœur de la philosophie de l’entreprise.
Ainsi, la box actuellement la plus vendue permet de concevoir une station météo, avec affichage de la température, de l’humidité, de la luminosité et d’un message personnalisé. « Mais l’utilisateur peut choisir les fonctionnalités qui l’intéressent, et même en coder d’autres, tout est reprogrammable à l’infini », souligne Thomas Salvignol. « Il peut notamment remplacer le message qui s’affiche sur l’écran par un petit jeu simple. Sa seule limite est sa créativité. » La personnalisation s’exprime aussi à travers le design, avec la possibilité, entre autres, de peindre les éléments en bois. De plus, les utilisateurs peuvent associer des composants issus de box différentes, mêlant par exemple des fonctionnalités de la station météo et celles du « réveil lumière » – l’objet de la précédente édition.
En laissant libre cours à leur imagination, la start-up entend montrer à ses utilisateurs que l’électronique peut à la fois être accessible et ludique. L’entreprise s’adresse ainsi à tous les curieux, et plus particulièrement aux adolescents qui, à l’instar de Thomas Salvignol quand il était au collège, souhaitent apprendre et fabriquer leurs propres dispositifs. « Former, divertir et peut-être susciter des vocations : ce sont les missions de MONELECTROBOX », résume-t-il.
Créer une communauté
À ces trois piliers s’ajoute également une dimension écoresponsable. « Nous nous inscrivons dans une quête perpétuelle de réduction de notre impact environnemental », affirme Thomas Salvignol. « Aujourd’hui, nos composants électroniques ne sont pas fabriqués en France, mais nous souhaitons relocaliser cette production au plus vite. En attendant, nous œuvrons à utiliser un maximum de matériaux récupérés pour la constitution et l’envoi de nos box. » En outre, la start-up encourage ses utilisateurs à conserver et à réutiliser les composants reçus, en les adaptant à leurs besoins du moment.
D’autant que MONELECTROBOX prévoit d’enrichir rapidement le catalogue de box disponibles. « Nous entendons, à terme, mettre en place plusieurs thématiques, telles que la vie quotidienne, la nature, le spatial… », énonce Thomas Salvignol. « Chacune d’entre elles contiendra six box, envoyées tous les deux mois, avec une difficulté graduelle. » Ces nouvelles créations multiplieront ainsi considérablement les combinaisons possibles de fonctionnalités et de design. Et le fondateur de l’entreprise souhaite bâtir une véritable communauté autour de cet environnement propice à la créativité.
« Aujourd’hui, nos clients peuvent déjà contribuer activement à MONELECTROBOX, en élisant la future box proposée dans l’abonnement (la prochaine, qui sortira en juin, permettra de fabriquer une « machine inutile« , NDLR) », précise Thomas Salvignol. « Mais l’idée est de créer prochainement un espace communautaire au sein duquel chacun pourra partager ses créations avec les autres, fournir le code qu’il a employé, demander de l’aide sur un projet… ». Au sein de cette communauté se cachera peut-être le futur Thomas Salvignol, qui portera à son tour un projet visant à former, divertir et susciter des vocations.