Risque de « friture sur les ondes »
En plus de vérifier pendant toute la durée de l’événement la certification de tous les appareils entrants sur site, l’ANFR devra gérer les problèmes d’interférences. En effet, malgré la certification et l’existence de normes techniques et de règlementations, les sources potentielles d’interférences sont nombreuses. « Par exemple, les composants électroniques des matériels utilisés en émission-réception ne sont pas toujours parfaits, et génèrent parfois des signaux parasites qui se propagent dans l’atmosphère. Cela peut se manifester sur une fréquence utilisée par une équipe et brouiller le signal », souligne Ghalid Abib, chercheur en radiofréquences à Télécom SudParis. À quoi s’ajoutent la possibilité d’un émetteur mal réglé, défectueux ou non-certifié, introduit par une personne du public, ou bien sûr, d’émissions malintentionnées.
Quelle que soit la nature des interférences, les équipes de contrôle devront être capables de les détecter et de lancer des mesures correctives ou coercitives. Une tâche titanesque, compte tenu de la répartition géographique des différents sites. Une quarantaine de lieux dispersés dans toute la région Île-de-France, ainsi que dans d’autres villes de France et outre-mer, accueillera les compétitions sportives, dont certaines se dérouleront en simultané.
Des élèves en renfort
« C’est donc pour anticiper ce besoin humain que le directeur adjoint de l’ANFR, connaissant les compétences de Télécom SudParis dans le domaine, nous a contacté », relate Nel Samama. « Il nous a soumis son idée d’impliquer des élèves et de leur enseigner les prérequis du métier. » C’est ainsi, avec le soutien de la direction des formations, qu’a été mise en place l’équipe-projet Contrôle et enseignement des radiofréquences (CERF), pour assurer la formation académique de ces élèves, en préambule de la formation pratique assurée par l’ANFR.
« Nous leur avons transmis le langage technique, et globalement toute la théorie pour, en pratique, comprendre rapidement la nature et l’origine d’un brouillage », détaille Ghalid Abib. Durant la formation CERF, les jeunes recrues ont donc revu les notions de base des RF : ce qu’est un signal radio, comment il se propage, ses effets, ou encore comment caractériser une communication sans-fil . Mais les responsables pédagogiques leur ont aussi évidemment prodigué des cours techniques plus avancés, autour de l’instrumentation radio et de ses paramètres, notamment des récepteurs RF, des analyseurs de spectres, des générateurs, des antennes…
« Être dans les coulisses des Jeux Olympiques et Paralympiques, ça n’arrive qu’une fois dans une vie ! »
Le laboratoire de Télécom SudParis étant bien équipé, les élèves ont eu l’opportunité de manipuler eux-mêmes tout ce matériel de pointe, dédié aux systèmes radio, au travers d’exercices pratiques. Au programme : détection de fonctionnement normal et anormal d’appareils émetteurs-récepteurs, utilisation et caractérisation des antennes – qui émettent et reçoivent des signaux radio, et radiogoniométrie, pour localiser une source de perturbation. La touche finale de ces travaux pratiques, une « chasse au renard ». Un exercice qui consiste à cacher dans les locaux un appareil émettant un signal indésirable. Les élèves ont dû localiser ce leurre le plus rapidement possible avec le matériel de l’ANFR.
À ce jour la formation académique est terminée et les stagiaires ont finalisé leur formation pratique dans les locaux de l’ANFR, pour se familiariser de manière plus approfondie avec les différents instruments radio sans fil. Les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 mettront un terme cet été à l’équipe-projet CERF qui, pour son tuteur, Arthur Jovart (Direction des formations), a achevé sa mission avec succès. « En plus d’apprendre plein de choses dans la pratique, être dans les coulisses d’un tel événement est une expérience unique pour ces élèves ; ça n’arrive qu’une fois dans une vie ! », conclut-il.