Fibre optique : le numérique partout et pour tous
Le 3 décembre 2015, la fédération des Industriels des réseaux d’initiative publique (FIRIP) organise à Angers un colloque sur le thème « Territoires intelligents, objets connectés : nouveaux enjeux numériques ? ». Parmi les différentes animations de cet évènement : une table ronde consacrée aux territoires intelligents à laquelle participera Joël Mau, directeur de projets à l’Institut Mines-Télécom et membre du Fibre to the Home (FTTH) Council Europe. Il y expliquera notamment l’importance de penser dès à présent une mise en réseau complète par fibre optique en France et en Europe.
Quels sont les enjeux liés aux territoires connectés ?
Joël Mau : Les enjeux sont énormes et nous concernent tous. Nous vivons une métamorphose profonde de la société permise par le numérique. Elle touchera par exemple les transports avec les véhicules autonomes, l’habitat, les routes, tout le secteur des transports privés et publics. Cela montre que les villes et territoires vont être restructurés, et notre mode de vie profondément modifié par ce que les termes fourre-tout de « smart city » et « internet of things » représentent. Ce ne sont que des exemples des multiples transformations déjà en cours et qui ont toutes besoin du numérique sur l’ensemble du territoire avec toujours plus de débit pour toujours plus de services et d’usages.
Comment notre société réagit-elle face à ces transformations ?
JM : Cela nous amène à nous poser de nombreuses questions transdisciplinaires. Par exemple : quelle est la place de l’Humain dans cette métamorphose ? Pour quelle vision de société utiliser ces outils du numérique ? Voulons-nous aller vers plus d’égalité territoriale ou plus de fractures ? Souhaitons-nous toujours plus de concentration dans les villes ou démultiplier en réseau et faire de tous nos territoires, y compris les plus ruraux, un atout pour la France ? In fine il y a nécessité à s’emparer de ces problématiques en ayant une approche globale, transdisciplinaire, à la fois technique, financière et sociale de ces transformations. Il faut également, c’est mon opinion, remettre l’Humain au cœur de ce projet français de « république numérique ». Internet permet un meilleur partage du savoir, de la connaissance et ainsi de la prise de décision. Ce qui est certain, c’est que nous devons donner à toute personne les moyens de pouvoir vivre cette transition numérique et d’y trouver sa place.
Comment proposer de façon égalitaire l’accès à cette nouvelle société ?
JM : Pour pouvoir accompagner toutes ces transformations profondes, nous aurons très vite besoin d’un élément incontournable : un réseau fixe de télécommunications. Ce réseau doit être là pour longtemps — 30 à 50 ans — et garantir une flexibilité et une qualité excellentes pour supporter les usages à venir, même les plus inimaginables. Seule la fibre optique peut apporter et garantir tout cela. Promouvoir la fibre optique est le cœur des objectifs poursuivis par le Fibre to the home (FTTH) Council Europe dont je fais partie en tant que membre du bureau des directeurs. Nous nous y employons depuis des années avec notamment un objectif d’éclairer les décideurs européens sur les nombreuses contre-vérités issues de la « viscosité au changement ». Il est notamment techniquement et économiquement très faisable de déployer le FTTH partout sur le continent. Si nous voulons une Europe connectée, un « digital single market », une « gigabit european society », il nous faut une telle vision de société inclusive. Pour cela, la couverture complète en fibre optique du territoire européen, le plus vite possible, s’avère vitale.
Derrière la technique, quels changements le déploiement de la fibre optique entraînera-t-il sur les acteurs et les usages ?
JM : Cela va aussi s’accompagner d’une profonde modification des architectures et des jeux d’acteurs. Notamment, il semble nécessaire de s’orienter vers de nouveaux équipements et fonctions, avec de nouveaux rôles et acteurs intermédiaires qui vont par exemple agréger des données et les traiter en cycles courts, localement. Pour certains usages il est nécessaire de réduire le temps de traitement à moins d’une milliseconde. Tout cela sans perdre de vue les questions fondamentales de la protection et de la maitrise des données personnelles, et d’assurer pour certains services et usages une forte résilience des réseaux, par exemple pour les services d’urgence.
Pouvez-vous nous parler plus en détail du FTTH Council Europe ?
JM : C’est une association à but non lucratif regroupant 150 membres issus principalement du monde industriel mais aussi académique. Elle prend en compte de multiples aspects dans ses réflexions et travaux : techniques, financiers, réglementaires, applications et usages, jeux des acteurs. Tout cela prend encore plus de relief et de visibilité lors de notre conférence annuelle, sur trois jours avec workshops, exposants, keynotes et sessions multiples. Pour l’édition 2016 elle se tiendra du 16 au 18 février au Luxembourg. Cet événement n’aura jamais été autant d’actualité, puisqu’il se déroulera au moment même où de grandes orientations européennes doivent être prises, notamment en terme de télécommunications, de sécurité des données personnelles – avec la renégociation du Safe Harbour – et de création d’un marché européen du numérique.
En savoir + sur la participation de l’Institut Mines-Télécom au FTTH Council Europe.
En savoir + sur la conférence annuelle du FTTH Council Europe.
Lire De l’âge du cuivre à celui des Lumières ? par Joël Mau
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